Mon samedi soir. le mien.
Publié le 9 Mai 2005
Bon. Samedi soir je me suis couché à 5h. J’étais à Nice. Chez Le ménestrel.
C’était n’importe quoi. Le ménestrel, si tu lis ça : je te hais.
C'était chiiiaaaannnttt !!!
Faut que je vous raconte.
Au départ, il était question de participer à une journée organisée par une association écologiste pour nettoyer les bords d’une rivière. Avec nos petits bras. Nettoyer la rivière. On parle d’une rivière de 7896 kilomètres, hein. C’est donc bien une idée de crevures de hippies qui n’ont qu’un but dans la vie : réduire à néant le travail méticuleux de gens qui se cassent le cul à saloper les rivières en jetant dedans consciencieusement tout leur mobilier (frigo, machines à laver, plastiques, enfants, bouts de fils de fer tout, boyaux et poumons de rats de laboratoires, chaises, pneus, substances diverses en plastique et illicites), ceci afin que la rivière elle puisse enfin porter un nom indigne de ce nom.
Nous devions y être à 8h du matin, à la rivière. Un samedi. Avec un léger retard, nous y sommes arrivés aux bords vers 17h. Epuisés, nous avons arrêté toutes nos activités aux environs de 18h15, mais c’est pas pour ça qu’on s’est privé de se plaindre.
(Bon, je vous passe les détails sur le concert qui devait avoir lieu le soir-même, pour clôturer cette jolie fête, et qui a été annulé par la préfecture, ou la mairie, ou la C.I.A, je sais plus.)
Ce qu’il faut retenir c’est que c’était chiant.
C’est pas compliqué : ne pouvant aller au concert annulé, l’ensemble des dégénérés chevelus-mal rasés a décidé que nous retrouverions tous au bord d’une rivière (c’est bizarre, je me demande d’où pouvait bien venir cette idée) pour souffler dans des bouts de bois creux mangés par des termines. Notez, c’était des gens plutôt bien, hein : tous des crevures de hippies sur lesquels étaient collés des guitares et des cheveux longs. Mais, bon, c’était chiant.
Et à cela il y avait plusieurs raisons :
1) Les écolos. Je supporte plus les écolos, ils mangent rien et ils sont verts.
2) Le vent. Je supporte pas le vent et plus particulièrement les vents de rivières de nuit qui sont les pires qui existent, et qui sont, il faut le savoir, soufflés par des types particulièrement hargneux qui prennent la forme de limaces pour pas qu’on les remarque. Les lâches.
3) Le froid. Je supporte pas le froid, c’est un connard. Un froid de connard, un vrai. Un truc qui donne envie de casser la gueule à quiconque.
4) Les gendarmes. J’aime bien les gendarmes mais je les trouve un peu, disons, « collants ». Ces messieurs sont quand même venus nous molester 4 fois, à tel point que j’ai fini par me demander s’ils ne cherchaient pas une fête un samedi soir. Et pis, l’un dans l’autre, qu’une mairie envoie des gendarmes empêcher des jeunes écologistes de bonne famille de jouer de la guitare dans le froid, la nuit, au bord d’une rivière mouillée à 30kms de la moindre habitation, bon je vais pas dire que j’aime pas, mais bon j’aime pas.
En fait, c’est pas compliqué : j'en avais ras-le-bol des flics, ras-le-bol du vent, ras-le-bol du froid, ras-le-bol d’en avoir ras-le-bol.
Donc, après nous être cachés dans la forêt pour échapper aux gendarmes (faut dire qu’on était remplis de joints et que nous avons tout à fait logiquement envisagé que ceux-ci allaient venir nous cogner notre gueule de merde avec leur petits poings en métal), nous sommes revenus, fiers comme des coqs (mouillés), jouer de la guitare en chantant pour la paix dans le monde. Ca c’était après la première venue des gendarmes. Après leur 3éme revenue, on a fini par comprendre qu’on abusait peut-être un peu un tantinet et qu’il fallait peut-être qu’on parte.
A 00h30 Le ménestrel a dit « on y va ».
A 00h45 il a dit « on y va ».
A 01h49 il a dit « bon, on y va ».
A 02h12 il a perdu son tabac.
A 02h24 je ne sais plus ce qu’il a dit, car je n’écoutais plus. A 3h, je n’écoutais toujours pas, mais je sais que nous n’y étions toujours pas allé : j’étais toujours dans mon fauteuil froid et mouillé, et Le ménestrel cherchait toujours son tabac au milieu de, finalement, plus grand monde.
Ensuite j’ai plus rien compris du tout. Il y avait une fille qui voulait rentrer à Antibes. Comme il restait une place dans la voiture, nous n’avions pas assez de raison de la jeter tout de suite dans la rivière. Bon, ce qu’on avait pas prévu c’est que cette fille avait beaucoup, mais alors beaucoup d’amies. Mais alors beaucoup. En deux coups de cuillères à peaux on s’est retrouvé à 8 dans une 205 avec Le ménestrel comme conducteur. Le ménestrel, impérial, maître du chaos dans son bolide et avec 5 hystériques sur le siège arrière. Le ménestrel-impérial-maître-du-chaos-dans-son-bolide a d’abord bronché un peu (« mais si les flics me voient ils vont m’enlever mon permis » ce qui est vrai), mais finalement, il s’est vite tu. Je suppose que quelqu’un a du lui donner du tabac à un moment.
Allez savoir pourquoi, je me suis soudain senti très « Juppé ». J'en avais maaaaaaaaaaaaaarre ! J’aurais volontiers tout cassé, mais je suis un garçon timide.
Mais Le ménestrel est malin et ce n’est qu’au bout de quelques jours que j’ai fini par remarquer que, peut-être, si nous ne nous nourrissions quasi-exclusivement qu’avec des joints, c’était peut-être parce que cela avait pour effet de m’empêcher de m’énerver.
Le ménestrel, si tu lis ça : je te hais.
Bon. C'est quand la prochaine ?